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Quelques repères sur l'adolescence

 

L’idée générale de l’adolescence est bien représentée par le « complexe du homard »  décrit par Françoise Dolto.

Il quitte sa carapace devenue trop petite pour pouvoir grandir.

Celle qui la remplace demeure souple pour grandir avec lui jusqu’à la fin de sa période de croissance, mais ce faisant, reste extrêmement vulnérable : le homard / l'ado doit donc redoubler d’efforts pour se protéger : le retrait et/ou l’agressivité sont certains de ses mécanismes de défense.

 

L’adolescent, du fait de la puberté physiologique, doit affronter deux renoncements :

     - Il lui faut enoncer  à son corps d’enfant (sur lequel il avait fondé son sentiment d'identité, un bien-être dans sa peau, l'estime de soi, en lien avec ses deux parents) pour s’approprier un corps en pleine mutation, suscitant beaucoup d’inquiétudes (être normal, Ãªtre vu des autres avec un corps encore imparfait)

 

     - Renoncer à la sécurité de l’amour parental pour aller aimer ailleurs, développer une pensée autonome c’est-à-dire couper le « cordon psychique » avec les parents.

 

De plus, la scolarité le met très (trop!) tôt face à la responsabilité de la préparation de son avenir : l’échec scolaire engendre des retentissements parfois tragique avec le contexte de crise économique et de crise des valeurs sociales : les parents sont d’autant plus angoissés et se sentent contraints à mettre plus ou moins volontairement la pression sur le jeune, « pour son bien ».

 

L'ado peut donc traverser une situation de crise existentielle plus ou moins grave, car ces éléments peuvent être trop lourds  Ã  gérer en même temps, d’où parfois pour certains un renoncement total face à une tâche écrasante.

En effet, il peut momentanément lui sembler plus facile d’accepter un échec voulu et/ou provoqué dans un mouvement de révolte que de le subir en le ressentant comme le résultat de sa propre incapacité : d’où les comportements d’auto sabotage plus ou moins inconscients de certains ados.

 

L’adolescent est donc doublement à nu :

 

     - plus de repères physiques,

     - plus de repères identitaires (qui suis-je ?)

 

Il est en proie à des modifications hormonales qui le dépassent, produisant des pulsions  alors qu'il n’a pas encore toujours les ressources psychiques pour les canaliser soit vers un état amoureux, soit dans le sport ou bien dans toute autre activité créative. Il reste alors la violence pour les expulser: verbale, physique, comportements à risque.

Il peut aussi "automédiquer" son mal être avec des substances dangereuses, liées à une consommation festive parfois au début et dans laquelle il peut s'emprisonner...

 

L’image des parents est nécessairement rejetée et c’est le « travail » des parents de l’adolescent d’aimer leur enfant « les désaimant » dit Dolto.

En effet, certains adosrejettent donc tout en bloc parce qu’ils n’ont pas d’autre choix : s’ils n’arrivent pas à quitter le giron psychique de leurs parents, ils s’engagent dans une pathologie mentale qui peut devenir gravissime.

C’est donc un réflexe de bonne santé de chercher à conquérir son autonomie mentale, même si c'est très douloureux pour chacun.

 

Pour certains jeunes, tout cela  se fait tranquillement, pour d’autres c’est plus « sportif » et pour d’autres encore c’est catastrophique : ils peuvent aller jusqu’aux conduites à risque et aux tentatives de  suicide…

 

Il est important que les parents ne condamnent pas leur enfant, maintiennent leur cap en modulant leurs exigences en fonction son âge (pour les plus âgés, laisser tomber le rangement de la chambre, leur laisser la responsabilité de la tenue de leur « tanière », ne pas y entrer sans y être invité et en tout cas jamais sans frapper), maintiennent leurs valeurs mais sans matraquage, sans agressivité, en tentant de contenir leurs propres angoisses pour son avenir.

L’idéal serait de pouvoir lui faire ressentir que l’on a confiance en ses capacités et de valoriser avec tact (sans en faire trop) ses compétences : sa capacité créative, son humour, ses valeurs amicales, son sens de la justice…  

 

L’adolescent  ne peut se projeter dans l’image de ses parents dont il est assez fin pour connaître les faiblesses et leur désenchantement vis-à-vis de la vie.

Et le monde qu’on leur propose n’est pas spécialement attirant en cette période de crise : à leurs yeux nous sommes des « has been » auxquels ils n’ont surtout pas envie de ressembler.

Cette période utile pour eux passera et ils feront la part des choses venant de nous qu’ils choisiront de conserver et de celles pour lesquelles ils voudront faire différemment.

Souvent, d’ailleurs, ils reproduiront le modèle parental sans même en avoir conscience. 

Donc du côté des parents il faut être capable "d’encaisser" avec élasticité cette période ingrate… 

Etre attentif aux changements d’humeur pour discerner ce qui est courant et ce qui peut être un signal d’alarme : cet exercice est difficile, il est vrai… 

Se référer à son fonctionnement général : dort-il bien ? Mange-t-il bien ? A-t-il des désirs ?

Ne pas le laisser s’enfermer totalement dans la virtualité, même s’il est plus facile de communiquer sans être vu pour quelqu’un qui a des soucis avec sa « nouvelle peau », favoriser les rencontres avec les copains.

Entendre dans ses propos s’il y a un aspect dépressif qu’il faut prendre au sérieux : à minima en parler avec son généraliste pour lui demander d’évaluer ce point. 

Quand la  communication est trop conflictuelle, se faire aider par un psychologue ou pédopsychiatre.

Envisager une thérapie familiale quand elle est acceptée est la meilleure des choses pour arrondir les angles.

Parfois, si l'ado n'accepte pas l'idée de rencontrer un psychologue, le fait pour ses parents de venir exprimer leurs difficultés avec celui ci permet de soulager /mieux supporter les tensions familiales.

 

 

Donc bon courage aux parents et aux adolescents, parce que c’est une période parfois difficile pour chacun !

Mais ce n’est pas non plus obligatoire, certaines adolescences sont tranquilles !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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